Le Temps des Amours…

proust2 Un Amour de Swann est possiblement le plus parfait de tous les volumes de Proust. Mon préféré. Celui vers lequel je reviens toujours. Peut-être par le souvenir, le choc ressenti au moment où j’ai compris d’un coup l’amour naissant non de son exaucement, mais de sa non-réalisation…

" On n’aime que ce qui nous fait souffrir " répète Proust inlassablement tout au long de sa vie. C’est la révélation que dans le temps passé, présent, perdu, retrouvé, aboli ou révolu, se trouve celui du temps absolu de la souffrance, de l’amour et de la jalousie..

C’est le soir où Swann recherche en vain Odette dans tous les cafés de Paris que se cristallisent ses sentiments. L’absence d’Odette, l’angoisse de sa perte ont sécrété l’amour et continueront à le nourrir, distillant la jalousie comme un poison. Odette sera l’objet d’un amour qui ira jusqu’à la folie. Elle deviendra la maîtresse de Swann mais, à partir de ce moment, elle se détachera de lui, prendra un autre amant et deviendra inaccessible.
Les amis de Swann qui s’aperçoivent de son chagrin s’en étonnent:

«Je trouve ridicule au fond qu’un homme de son intelligence souffre pour une personne de ce genre et qui n’est pas même intéressante, car on la dit idiote, ajouta-t-elle avec la sagesse des gens non amoureux qui trouvent qu’un homme d’esprit ne devrait être malheureux que pour une personne qui en valût la peine ; c’est à peu près comme s’étonner qu’on daigne souffrir du choléra par le fait d’un être aussi petit que le bacille virgule.»

Swann souffrira longtemps puis, comme il est né, son amour s’éteindra brusquement comme cesse une maladie. Et cynique, il conclura:

« Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre ! »

michèle voltaire marcelin

proust

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